L'Allemagne romantique - tome 4 Le Voyage initiatique 2

Dans un premier volume, Marcel Brion avait montré et démontré les relations et les influences des thèmes initiatiques, dans les mythologies anciennes et dans les romans du Moyen Âge, sur le romantisme allemand. Ainsi à travers le temps et l'espace était tracée, sous un regard d'analyste à la fois brillant et profond, une poétique de l'inconscient collectif et de l'ésotérisme universel qui venait trouver une de ses révélations les plus puissantes au sein du voyage initiatique dans la littérature romantique allemande. Ainsi Tieck, Goethe, Moritz, Eichendorff, Novalis, Hesse étaient-ils liés par une complicité thématique - le voyage initiatique - qui surgissait sous une poussée de l'esprit après plusieurs siècles d'absence, ou qui était restée informulée depuis longtemps.
Cette poussée était en partie l'oeuvre du « Sturm und Drang » qui, à travers ce second volume, n'apparaît plus comme une école littéraire provisoire, mais comme une pulsion permanente de l'âme allemande qui trouve sa résolution la plus ferme aussi bien chez des écrivains du XVIIIe siècle comme Moritz, que chez un écrivain du XXe siècle comme Thomas Mann, et qu'illustrent pendant tout le XIXe siècle Moricke, Keller, Hoffmann, von Hoffmannsthal, pour ne citer que quelques noms. Le voyage initiatique devient alors un voyage de l'imaginaire autobiographique, qui reflète les drames et les aspirations des romantiques allemands et tente de trouver, par le truchement de la transposition romanesque, une issue nouvelle sur des régions inexplorées du fantastique et du mythe.
Ce voyage initiatique à l'intérieur de chacun des écrivains allemands se fait dans un climat de nostalgie ineffable, d'extase lucide, de musique douloureuse et pourtant salutaire. Dans ce second volume, Marcel Brion, porté par les élans d'une culture aussi étendue que précise, donne à juste titre au romantisme allemand, touché au coeur par le thème du voyage initiatique, une situation privilégiée au centre de la littérature européenne, et il nous montre quel ascendant et quelle fascination ce romantisme allemand exerce sur notre XXe siècle, qui n'a pas fini d'en épuiser toutes les richesses.