La misanthropie dans le roman - En 40 pages

Extrait

Introduction

Le mot « misanthropie » se décrivant lui-même est autologique, c’est-à-dire que son sens se refuse au plus grand nombre. En son sens traditionnel, la misanthropie renvoie à la haine des hommes, de tous les hommes, ceux d’hier, d’aujourd’hui et de demain, des prochains aux lointains ; elle exprime un problème affectif numérique, elle a la passion des grands nombres et des masses. Et l’on s’en tiendrait là si les mots du dictionnaire étaient aussi des concepts. L’étymologie parle vrai (miso en grec signifie « je hais » et anthropos signifie « homme » comme membre de l’humanité), pourtant elle laisse celui qui s’intéresse à la misanthropie sur sa faim : n’y a-t-il pas comme un paradoxe logique et anthropologique dans le fait de se poser soi-même comme misanthrope?
N’est-il pas absurde de haïr les hommes quand on appartient soi-même à l’espèce sapiens sapiens ? Qu’ont les humains de si haïssables qu’ils se trouvent dignes de constituer un terrain propice à l’ire du misanthrope ?
Si les humains sont si détestables, ne suffit-il pas de les fuir et, seul enfin, de vivre loin de la loi maléfique qui les a rendus sociaux et politiques ?