American SM : L'Esclave français - Volume 1

Chapitre premier

Ceux d'entre vous qui ont été adolescents à la fin
des années soixante se souviennent peut-être de ce
jeu difficile qui fit le bonheur du film de Marcel Carné :
Les Tricheurs. C'était « le jeu de la vérité ». Il fallait,
quelle que soit la question et quoi qu'il en coutât, y
répondre en disant la vérité, toute la vérité. Au mépris
des sentiments et des conséquences qui pouvaient
découler d'une vérité jamais très bonne à dire.
Maintenant que je suis une dominatrice chevronnée (je
n'aime pas ce mot, il semble me donner des rides que
je n'ai pas !), la vérité m'est évidemment due et je
sais qu'un esclave digne de ce nom est incapable d'un
mensonge. Mais, lorsque j'étais une toute jeune fille et
que je testais les mâles pour saisir ceux qui étaient
susceptibles de me servir, je jouais au jeu de la vérité,
en l'accommodant à ma sauce, bien entendu.

Pour vous donner un exemple, je me souviens d'un
monsieur qui avait trente-cinq ans alors que j'en avais
vingt et qui, visiblement, en pinçait pour moi depuis
un certain temps sans oser m'aborder. C'était, de sa
part, sourires, amabilités, savants calculs pour me
rencontrer « par hasard », etc. De la mienne, ce
n'était que signes de tête poli, froideur et manoeuvres
savantes pour déjouer la rencontre. Il m'amusait
beaucoup tant il faisait d'efforts pour que je le
remarque, tant il affichait de joie à nos rencontres
furtives et de désillusions lorsque je jouais avec lui au
chat et à la souris.

Et vint le jour où je décidai de lui donner sa chance.
Oh, simplement ! En faisant mine d'attendre le
passage d'un autobus à l'heure où je savais qu'il allait
passer en voiture. Comme prévu il s'arrêta et m'invita
à monter. Je fis semblant d'hésiter, arguant que
l'autocar n'allait pas tarder... que... et que...