La Lettre - Nouvelle édition

Extrait

Il venait d'ôter les mains des poches et se redressait comme je lui avais vu faire la veille. Il était long, maigre de visage, mal rasé encore, toujours mal peigné ; mais les yeux s'étaient mis à vivre. Ils me scrutaient et je ne pouvais soutenir cette flamme intense qui brûlait mon regard.
Les mains venaient de se poser sur chacune de mes cuisses et elles les caressaient en remontant, pousant leur courbe en des cercles de plus en plus larges qui arrivèrent sur mon ventre qui se contracta.
J'étais comme momifiée, je ne pouvais pas me dérober. Je n'osais lever la tête de peur de rencontrer ce regard qui me fascinait. J'apercevais les longues mains décharnées qui enrobaient mon ventre parcouru d'ondes voluptueuses et, quand il les laissa glisser autour de mon corps, par les hanches et jusqu'aux fesses, je me plaquais contre lui, la tête allant sur la poitrine creuse comme vers un refuge.
— Ils disent que tu es frigide. Foutaise !... Tout ça ce sont des mots absurdes. Je suis sûr que tu sais jouir. Certainement seule. Tu te branles, hein, pour arriver à jouir ? et tu es à la echerche du plaisir partagé. Je connais bien les filles de ton espèce. Il faut les transporter dans un autre monde. Où elles se sentent bien, où tout n'est que plaisir... Ils ne savent pas eux...