Premiers émois d'une étudiante

Extrait

Chambre universitaire

9m². C'est la taille minimale d'une chambre universitaire. Je n'ai pas mesuré la mienne, mais je suppute que le compte y est, ni plus, ni moins.

Je peux faire un pas entre mon lit et la table qui me sert de bureau et de coin-repas, quelques pas dans la longueur, jusqu'au coin toilette où un miroir ovale, fendu en son milieu, est suspendu au-dessus du lavabo. Un long placard sert à délimiter les espaces lavabo et chambre. L'extrémité de ce placard resserre la largeur de la pièce. Le passage est alors particulièrement étroit : lorsque je m'assois à terre contre le meuble de rangement, jambes pliées, mes pieds touchent le mur d'en face.

La peinture orange pastel a connu de meilleurs jours. Comme le mobilier de contreplaqué... Toute la pièce aurait mérité un rafraîchissement, mais je suppose qu'avec le prix que paient les étudiants pour une telle location, la moins chère de l'agglomération, la rénovation n'est pas à l'ordre du jour.

J'ai emménagé dans cette résidence universitaire fin septembre, quelques jours avant la rentrée.

La petitesse du lieu m'a incommodée lors de mes premiers pas dans ma nouvelle vie. Mes parents possèdent une maison où j'ai occupé jusqu'alors une vaste chambre. Le contraste a donc été de taille. Cependant, je m'y suis adaptée. Très bien, même, puisque cet espace menu entre le placard et le mur est devenu le lieu privilégié de mes réflexions et de mes rêveries. J'y ai placé un pouf moelleux et m'y assois souvent. J'y lis, pour me distraire, des BDs, bien loin du programme imposé des cours de littérature. J'y écoute de la musique. Les compositions de Chopin, le soir venu. Et c'est sur ce pouf que j'ai rapidement pris l'habitude de me caresser tout en écoutant les Nocturnes.